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Afars

Salomé
Tobia Afars Barro, ceci signifie, « Ici est la terre des Afars ». Cette tribu Africaine se situe sur la corne d’Afrique, elle se partage entre l’Ethiopie, l’Erythrée et Djibouti.

J’ai eu la chance de faire la connaissance de ce peuple lors de trois voyages en Ethiopie, deux lors de mon enfance et un durant l’été 2019. Ces séjours resteront certainement des moments inoubliables pour moi. Selon Wikipédia, les Afars seraient 6 236 600, étalés sur les trois pays dont plus de
4 800 000 en Ethiopie. Ces chiffres ne sont en réalité que des approximations. Pour les Afars, c’est le bétail qui est compté et eux, ne sont pas du bétail, ils refusent donc de se laisser enregistrer par l’Etat. On ne peut donc que se faire une idée de l’ampleur du nombre de ces semi-nomades. La plupart continue à ne pas s’établir à un endroit fixe, ils nomadisent cependant chaque année dans la même région, notamment non loin de la rivière Awash, car bien entendu, pour pouvoir élever leur bétail, il leur faut rester non loin d’un point d’eau, ce qui, avec le réchauffement climatique de ces dernières années commence à poser un réel problème. 

Les Afars sont des guerriers, ils ont toujours réussi à survivre quoi qu’il arrive. Cela fait quelques années que le conflit avec la tribu des Issas est en pause, mais au vue d’une famine, personne ne peut être certain que cela ne rouvrira pas leurs vieilles rancunes.  Ce conflit est d’abord un conflit politique concernant les terres départagées et qui a débuté il y a bien longtemps. On retrace les premiers affrontements « politiques » dans les années 80. Notamment, à cause du régime politique de Hassan Gouled Aptidon (situé à Djibouti) qui aurait favorisé les Issas par rapport au Afars.

Revenons à nos semi-nomades. Certains, plus rares, décident de vivre dans des petits villages que l’on trouve généralement dans l’est du pays. Bien qu’ils aient décidé d’être sédentaires, ils restent au plus profond d’eux des nomades, et il n’est pas rare qu’ils retournent marcher quelques mois dans le désert avec leurs familles et leurs bêtes. 

Le camp où il m’a été donné de séjourner se situe non loin de El-Woha, un petit village d’approximativement 500 personnes où se côtoient Chrétiens et Musulmans. De là, il faut compter 20 minutes en mobylette pour atteindre le camp. Les Afars de qui y vivent sont nomades, il n’était donc pas sûr qu’il y aurait quelqu’un. Ils étaient d’ailleurs moins nombreux que les fois précédentes, cela peut être dû à la sécheresse. Ils ne parlent pas anglais, la plupart ne parle même pas l’Amharique, qui est la langue nationale du pays. Ils parlent leur dialecte : l’afars. En Ethiopie il existe plus de 80 dialectes non officiels. Cependant, ce n’est pas pour autant que la communication est impossible, loin de là. Dans ce type de situation, on se rend compte que la parole peut être secondaire. Le dessin est notamment un support, mais cela n’est pas forcément nécessaire. Ce qui se passe dans le non-verbal est tout un langage. Cela a été magnifique à partager, principalement durant une marche de plusieurs heures pour se rendre au Fentale, un volcan. Les émanations de souffre qui en sortent sont, selon les Afars, des djinns qui veillent sur eux. 

Mais vous savez qui d’autre était sur la terre des Afars ? Lucy ! Celle qui était jusqu’il y a peu la plus vieille femme découverte par l’archéologie. Lucy Afars Barra, Lucy est la terre des Afars.

Les Afars ont leurs traditions bien à eux, ainsi que des signes physiques bien distinctifs. Ils sont naturellement grands et élancés, et pour se reconnaître, ils se liment les dents en pointe, c’est vraiment le signe distinctif de la tribu. Ils ont aussi des scarifications sur le visage, principalement les femmes. 

Comme chaque tribu, ils ont leurs propres bijoux et tissus, il leur arrive de s’en échanger sur les marchés. Les bijoux des Afars, en tout cas en ce qui concerne ceux d’Ethiopie, se composent principalement de perles lignées. Leurs tenues sont colorées, leurs pagnes sont en fait des sarongs indonésiens et leurs t-shirts sont “Made in China”. La raison ? Les Afars sont un peuple du désert, ils ont longtemps eu l’habitude de voyager avec un pagne, parfois un tissu sur la tête pour les protéger du soleil, mais étaient souvent torse nu. Un jour, le gouvernement a décrété que cela ne se faisait pas, que c’était indécent et a donc fait en sorte que tous les villages, sédentaires ou non, reçoivent des caisses de t-shirts “Made in China” afin de couvrir cette nudité obscène. Cependant, vous pouvez encore voir des doyennes se promener seins nus ou portant un t-shirt sur le dos…car au fond, qui sont-ils pour leur dire ce qu’elles doivent porter et que leurs torse nu est indécent !

Je voulais pour clôturer cet article, attirer votre attention sur un point. En vivant avec ces personnes, il m’a été permis de remarquer quelque chose de troublant.  Comme vous pouvez le voir sur plusieurs photos, une caisse de WFP, World Food Programme, est présente. Cette organisation envoie de la nourriture dans les pays démunis afin que celle-ci soit redistribuée à la population. Projet très beau sur papier, mais qui en réalité ne se passe pas vraiment comme ça. Dans la région afars, comme dans d’autres régions d’Ethiopie et d’Afrique d’ailleurs, ces boîtes sont détournées (la plupart du temps par le gouvernement) et se retrouvent par la suite sur les marchés.

Il y aurait tellement à dire sur ces gens, leurs coutumes et leur mode de vie, qui certes, n’est pas facile… enfin, c’est vite dit, car leur mode de vie n’a rien de comparable au nôtre. 

Salomé